Theater Factory

THEATER FACTORY 
Red Hook, Brooklyn, New York
PFE, Master Théorie et Projets dir. Jacques Lucan, 2013



Les théâtres New Yorkais sont traditionnellement concentrés autour de Broadway Street, sur l’île de Manhattan, les représentations s’adressent à un public de masse, amateur de comédies musicales. A partir des années 1980, des compagnies, critiques vis-à-vis de ces grosses productions, s’installent dans les quartiers plus populaires dont Brooklyn. Dérogeant aux codes établis, ils y détournent des bâtiments de leurs fonctions premières, et ainsi participent à dévoiler la monumentalité et la richesse du patrimoine industriel.

Dans la société occidentale, le théâtre est généralement considéré comme un lieu de représentation et de rassemblement, entre acteurs et publics, dans un endroit et pour un temps déterminé. Il s’agit ici de questionner et de bousculer la mise en place programmatique type organisée comme tel : accueil du public, salle, scène, et espaces techniques. The Theater Factory est un lieu dont le programme englobe plus largement le processus de conception d’une œuvre théâtrale. Ce théâtre ne se caractérise pas seulement par l’espace de représentation, mais aussi par les lieux dédiés à l’expérimentation, à la fabrication de décors et de costumes. Le but étant de donner à voir ce qui est à l’accoutumée caché, le déroulement de la construction, de la mise au point d’un spectacle.

Les espaces s’organisent autour d’une traversée centrale dont le cœur est la salle d’assemblage des ateliers. Cette traversée abrite tous les éléments techniques, met en scène les moments de circulation, du matériau brut à la représentation finale. Positionnée entre les deux salles de représentations, la salle d’assemblage permet d’agrandir les fonds de scène, leur conférant ainsi une flexibilité notable.

La structure ornementale de la traversée se subdivise et se rationalise en différents systèmes porteurs. Elle participe à qualifier les espaces attenants et renforce la position centrale de la salle d’assemblage, où se rejoignent les différents sens de portées.

Les façades extérieures et celles des salles sont identiques, leurs déformations sont la conséquence de la structure. Les redents permettent de créer des liens visuels entres les différents espaces. Depuis la salle, le spectateur peut voir à l’intérieur des loges et de l’atelier de menuiserie.

Le volume du bâtiment, similaire à un hangar, rend son aspect ambigu. Les redents accentuent cette apparence équivoque, les faces en briques s’opposent aux autres plus maniéristes en bois. Cette ambivalence exprime le parti pris programmatique, où se mêlent construction et représentation.