Music Center

MUSIC CENTER
avec Claire Lehmann
Greenpoint, Brooklyn, New York
Master Théorie et Projets dir. Eric Lapierre 2013



« L’errance est associée à la marche, à l’idée d’égarement, à la perte de soi-même. L’errant en quête du lieu acceptable se situe dans un espace particulier, auquel correspond en fait une temporalité que l’on pourrait qualifier de flottante. L’errant s’efface, devient silencieux, il se livre à l’expérience du monde, c’est pourquoi il ne peut y avoir d’errance immobile. » DAVILA Thierry, Marcher, Créer, 2007.

La ville de New York est un lieu propice à l’égarement et au vagabondage, elle offre une disponibilité à la vie, aux rythmes, aux mouvements. La grille forme un espace homogène et non identitaire, sans centralité, sans point de vue privilégié. De Manhattan à Brooklyn, elle englobe indistinctement gratte-ciels, quartiers animés, zones industrielles.

De cette expérience de l’errance, confortée par le visionnage de Permanent vacation de Jim Jarmusch, trois thèmes fondamentaux apparaissent, le rythme, l’égarement, et l’homogénéité. Le rythme invoque les moments de déambulation et de pause, les lieux de circulation et de halte. L’égarement induit la question du carrefour, du choix, de l’imprévu, de la perception et compréhension de l’espace. L’homogénéité découle de la quête du lieu, dans le banal et le quotidien.

Un bâtiment inspiré de l’idée d’errance n’est pas exceptionnel mais semblable à ceux de son milieu. Son parcours s’inscrit dans la continuité de l’espace urbain, on peut y rentrer par hasard. Cependant son fonctionnement interne relève d’un ensemble d’espaces imbriqués et indissociables, un véritable système singulier et énigmatique, emprunt à l’imaginaire de La Zone.

« La Zone, c’est… un système très compliqué. De pièges, pourrait-on dire, qui sont tous mortels. Je ne sais ce qui s’y passe en l’absence de l’homme. Mais, dès que quelqu’un apparaît ici, tout se met en mouvement. Les anciens pièges disparaissent, de nouveaux apparaissent. Des endroits sûrs deviennent impénétrables. Le trajet à parcourir est parfois très simple, parfois compliqué à l’extrême. Voilà ce qu’est la Zone. Elle peut même sembler parfois capricieuse. Mais elle est telle que la fait notre esprit. » TARKOVSKY Andreï, Stalker, 1979.